[Acceptée] Liath, écatte de la Compagnie Noire

Ainsi donc, on me demande de me présenter. Je vais essayer de vous décrire Liath Sombrelune le plus fidèlement possible.

Des cheveux clairs mi- longs (dont je suis assez fière au passage) entourent un visage plutôt fin et aux traits doux de jeune fille tout juste entrée dans l’âge adulte, aux anciens vestiges de l’enfance, ainsi que deux oreilles grandes, à la mobilité surprenante et auxquelles je tiens beaucoup. Deux yeux d’un violet clair peuvent se rétracter et se dilater à mon bon plaisir, et ce au plus grand désarroi de mes interlocuteurs et à mon plus grand amusement. Artemis n’a jamais pu s’y faire.

Rah, j’y vais trop vite, je vais vous embrouiller…je parlerais de lui plus tard.

Un pelage très court que je hérisse selon mon humeur laisse passer la chaleur de mon corps tout en la préservant si besoin est, en plus de me protéger des intempéries. Un sourire en coin dévoile des dents finement pointues que j’utilise plutôt rarement avec hostilité. Je suis de la même taille qu’Artemis, c’est-à-dire MOYENNE. C’est une chose pour laquelle nous nous battons beaucoup trop, Arty et moi. Nous sommes à la moyenne de taille, c’est juste que le Monde des Douze est peuplé de géants. Chiotte, à la fin.

Une queue de soixante-dix centimètres balaie l’air constamment, la plupart du temps à mon insu. Une queue adorable qu’Artemis adore. Un détail assez important, donc.

DONC, pour les lecteurs les plus abru novices, je précise : je suis une écatte.

Comme vous avez déjà pu le remarquer, j’ai un caractère assez…prononcé. Ça veut dire « chiant », me dit mon Artemis…. Merci beaucoup, mon grand.
En parlant d’Artemis…vous devez vous demander ce qu’un éniripsa dépressif fait dans mon histoire….c’est mon tuteur.

Oui, je fais partie de la Compagnie Noire, oui, je suis soldat, oui, j’ai déjà combattu et tué des gens. J’ai les griffes couvertes de sang. Mais à l’instar d’Artemis, je me prépare à être Annaliste, lorsque ce sera à moi de jouer ce rôle, avec celui de médecin. Depuis ma tendre enfance couche-culotte, l’adolescent puis l’adulte qu’est Arty s’est efforcé et s’efforce encore aujourd’hui de m’inculquer les connaissances nécessaires pour le métier de médecin et d’Annaliste. Ainsi que celui de soldat d’élite, au passage. Malgré ses lamentations, ses dépressions fréquentes et son flagrant manque de confiance en lui, je maintiens que c’est un très bon tuteur et un homme formidable. Plus qu’un professeur, c’est un père pour moi, un père qui m’a protégée et qui a forgé ma volonté et mon habilité au combat. C’est principalement grâce à lui et son influence que je n’ai jamais eu de problèmes au sein de la Compagnie. Et Ecarflip sait que les hommes ont besoin de femmes…

Artemis ne m’a jamais touchée. Jamais. Et il aurait pu. J’aurai tout accepté pour lui. Il n’avait qu’à demander.

Ah, je suis déjà en train de prendre ses défauts d’écritures !...Il fait toujours des phrases très courtes et je commence à faire pareil…..Bon, reprenons.

Comme Artemis m’a dit de le préciser, je n’ai aucun familier. A part, évidemment, une chachatte qui ne demande qu’à être comblée…


Les sous-entendus cochons, par contre, c’est que moi qui fais.


La tenue vestimentaire ? Est-ce vraiment nécessaire, Arte ?... Oui ?...Bon.
Eh bien, disons qu’on peut deviner mon sexe qu’avec ma poitrine et mon visage….Mon armure de cuir souple et mon épaulière sur mon épaule gauche font plutôt masculin, bien que mon plastron de cuir soit ouvert stratégiquement sur mon soutien-gorge de la même matière. J’ai quand même laissé mes bras découverts, et mis un trou dans ma cape pour laisser passer ma queue. Et, bien entendu, Artemis m’a remis le médaillon de la Compagnie quand j’avais onze ans, et que j’ai toujours. C’est étrange comme le regard des pervers change lorsqu’ils louchent dans mon décolleté et tombent sur le médaillon…Fort pouvoir dissuasif. Comme le sabre qui pend à ma ceinture, je pense.

C’est bien, messieurs, vous avez de l’instinct.

Artemis me dit qu’il est temps d’arrêter les conneries, et d’attaquer mon histoire. Je vais donc laisser ma plume, car il saura bien mieux que moi retranscrire mes dix-sept années de vie.


Mouais, c’est ça, dis tout de suite que tu veux pas bosser, plutôt. Glandeuse…
Booon, puisque je ne peux pas y couper, autant commencer tout de suite. Comment ça commence, déjà ?...ah, oui.
C’était il y a seize ans.

- Quelqu’un voit quelque chose ?...
- Putain, ils ont tout cramé, ces cons-là !...
- …Aucun survivant, Capitaine.

Un gamin de onze ans, son médaillon tout neuf battant sur sa poitrine, fouillait dans les décombres. On lui avait fermement défendu de venir, mais il s’en balançait. Si jeune, et déjà si chiant…Il escalada des débris de mur, ignora un couple de cadavres carbonisés dans une ultime étreinte amoureuse et essaya de dégager un amas de rochers. Ses petits muscles se bandèrent, et il réussit à renverser le gros caillou, dévoilant un berceau plein de poussière. Un petit cri s’éleva, rempli d’effroi et de détresse.

- Artemis ! Au pied, remue ton petit cul !
- Mais il y a quelqu’un de vivant !
- Quoi ?

Le petit éniripsa se démena et réussit à prendre l’enfant qui hurlait dans le berceau, aussi apeuré qu’un gobelin devant une vouivre à jeun, et le brandit pour le montrer au Capitaine.

- Et ça, c’est une grosse blatte ?
- T’arrêtes tes conneries et tu ramènes tes miches ici !...

Le Capitaine, encore blond, grogna dans sa barbe, à côté d’un Tam-Tam rigolard.

- Il a onze ans, ce gamin, ou bien ?...
- Sa mentalité grandit très vite. Il sait déjà lire et écrire, et se démerde plus que pas mal à l’épée…
- C’est à cause de Dramato. Foutu pandawa…

Il remercia néanmoins le tuteur du petit éni. Il n’a pas le temps de s’occuper efficacement d’un gosse, et celui-ci se débrouillait formidablement bien. Il arriva au niveau du Capitaine, le bébé dans ses bras.

- Mais c’est pas vrai ! On n’est pas une nurserie !...
- Mouais. Mais on n’a pas le choix. Tu ne vas pas la laisser crever ici, non ?
- Puisque tu râles, c’est toi qui va t’en occuper.
- Quoi ?! Tu déconnes !! J’ai pas le temps de…
- Tu vas l’avoir, en attendant, ferme-là, tu me pompes l’air.

Et le Capitaine tourna les talons sur ces bonnes paroles, avant de s’en aller en grognant, renforçant son image d’ours bougon. Tam-Tam tapota l’épaule d’Artemis, pas le moins désolé du monde, avant de suivre le sacrieur. Le petit éni maudit le chef en plusieurs langues, ce qui ne manqua pas d’intriguer l’enfant qui cessa de geindre et fixa son sauveur dans les yeux. Sa petite queue balayait l’air, et ses oreilles se pointèrent en avant de curiosité. Des larmes brillantes perlaient encore son pelage brun très clair.
Arty ressentit un élan d’affection pour l’enfant, et accepta de la prendre à sa charge.
Il rechercha dans les décombres plusieurs jours un quelconque indice sur l’identité de sa protégée, et trouva un morceau de mur sur lequel était écrit « Liath », qui était probablement au-dessus de son berceau, dans sa chambre. Tam-Tam lui raconta qu’il s’agissait d’un couple d’Ecarflip, les Sombrelune, qui avaient fâchés les Brakmâriens dans le passé, avant de s’installer dans cette région tranquille. Mais apparemment, Brakmâr ne les avait pas oubliés.

Liath Sombrelune, donc.

Et Liath grandit, et je m’en occupai. Je l’éduquai, comme Dramato me l’avait fait avant moi. Je crains donc de lui avoir inculqué le cynisme qu’est le mien, mais que voulez-vous ? Son charme naturel lui fera tout pardonner. Elle apprend vite, un peu comme moi. Elle savait lire à cinq ans, écrire à sept, sans faute et admirablement à onze. C’est à cet âge que nous lui confirmâmes son entrée dans la Compagnie, car elle serait en mesure de me remplacer, moi, l’Annaliste, si je tombe au combat. Elle parlait quatre langues à quatorze ans, six à seize. Aujourd’hui, je lui en enseigne encore une autre avec le langage des signes. J’aime beaucoup lui apprendre des choses. J’essaie de tout lui transmettre, histoire de laisser quelque chose derrière moi lorsque je ne serais plus là.

En échange –car elle se sentait de m’apprendre quelque chose en retour- elle m’apprit le langage écarflip, ses miaulements, ses mouvements d’oreilles. Ainsi, je le parle couramment aujourd’hui, à la plus grande surprise des écarflips que je croise et à ma plus grande rigolade.
Elle manie l’épée mieux que moi, mais je conserve l’avantage à l’arc. J’ai commencé depuis quatre ans à lui apprendre le métier de médecin. Au début, elle n’a pas aimé, mais elle s’est vite habituée. Le sang tache sa jolie fourrure.

Je sens que je perds votre attention. C’est dommage, mais il ne fallait pas commencer à lire, déjà.

Liath est une jeune femme formidable, et elle mérite le meilleur homme du monde. Elle me dit que j’en fais trop, que je dérive, que je devais juste faire l’histoire. Ben, je te l’ai faite, ton histoire, lâche-moi la grappe !....Bon, où j’en étais ?...Ah oui, c’est une femme extraordinaire, et le premier homme qui lui fera du mal changera de sexe.



…Merci, Artemis. Il a le compliment facile…
Evidemment, à part ça, il n’y a pas grand-chose à dire sur ma vie…

Ah, apparemment, on approche d’une taverne, dans ce coin paumé !....Heureusement, j’en ai marre d’écrire sur une carriole qu’arrête pas de bouger !...

Cette fiche m'a fait sourire à plusieurs reprises

Rien à dire, à part accepté.